Histoire
Entreprise au cours de la première moitié du XIIe siècle, à l’emplacement de l’ancienne église Sainte-Madeleine de Bonlieu, elle est dotée à partir de 1247 d’un choeur à trois absides sans doute à l’initiative de la première abbesse, Elisabeth d’Alignan, d’une famille renommée en Languedoc, soeur de Benoît d’Alignan, moine de Valmagne devenu en 1229 évêque de Marseille, fondateur de l’abbaye cistercienne du Mont Sion.
Un nom de lieu obscur
On pense naturellement au mot vigne. En fait, les linguistes nous disent que l’origine du mot est inconnue. Cependant, en 1696, les religieuses ont choisi de faire figurer dans leurs armoiries, le sarment et le raisin. L’étymologie populaire s’est imposée.
L’origine de la fondation
La première mention de ce lieu, comme siège d’une communauté religieuse, date de 1150, sous la dénomination de Notre-Dame de Bon Lieu. A l’origine, le monastère est placé sous la juridiction de l’évêque de Maguelone, avec une règle probablement bénédictine. Il passe sous l’obédience de Cîteaux en 1178. Il dépend alors de l’abbaye de Valmagne sise à quelque 25 km de là. En 1259, le monastère devient une abbaye. La nouvelle supérieure, Guillaumette Daudé, prend alors le titre d’abbesse. L’abbaye restera cistercienne jusqu’en 1791.
Un grand développement au XIII° siècle
L’abbaye a pris de l’importance, sous la direction de la prieure Elisabeth d’Alignan (1243-1256). Elle poursuit la politique de rassemblement des terres de ses devancières, mène l’exploitation de main de maître, fait faire de grands travaux d’irrigation, construire des digues et des moulins. Grâce aux dots des religieuses, mais aussi aux dons, legs ou achats, l’abbaye possède des terres de culture et de dépaissance, sur un vaste territoire de Cournonterral à Vailhauquès.
Troubles et décadence
Le XIVe et le début du XVe siècles conjuguent divers fléaux : peste noire, guerre de Cent Ans, ravages des grandes compagnies et enfin la famine. S’ensuivent appauvrissement, récoltes gâchées, vols, pillages et destructions. Les religieuses sont obligées de fuir. En 1437, la communauté a tellement fondu que le Pape Eugène IV rattache les dernières sœurs aux Prouillanes dominicaines de Montpellier.
Un temps de renaissance
En 1446 elles vont retrouver leur indépendance et revenir au Vignogoul. La prospérité renaît. L’abbesse, Marguerite Alamand, fait exhausser la nef de l’église, telle que nous la voyons aujourd’hui.
L’installation à Montpellier (1683)
A cause des guerres de religion les moniales décident, en 1683, de s’installer à Montpellier, dans l’Hôtel de Rignac, pas très loin de l’actuelle église des Dominicains. A Montpellier, elles gardent leur règle, mais « s’embourgeoisent ». Elles reçoivent quelques jeunes filles pour les instruire de la religion catholique.A cette date, les religieuses ne sont pas très nombreuses, 4 en 1790. Mais la communauté est relativement jeune. Mais la nationalisation des biens du clergé va provoquer leur dispersion.
La liquidation de l’abbaye (1791)
Le 19 février 1791, les trois grands domaines ruraux que possèdent alors les soeurs à Vailhauquès, Grabels et Pignan sont vendus aux enchères. Le domaine du Vignogoul comprenait 28 hectares en « maisonnage, champs, près, vignes et olivettes » sur Pignan et 11 hectares en devès -zone de pâture- , au terroir de Murviel.
Le renouveau monastique
Le Vignogoul est alors, durant un siècle, un centre d’exploitation agricole. Il faut attendre la fin du XIXe siècle pour voir des religieuses y revenir. Ce sont les Dominicaines de Prouilles appelées par Mgr de Cabrières. Arrivées en 1898, elles sont contraintes au départ, en septembre 1901, à la suite des lois sur les associations.En 1919, l’abbaye restaurée par le P. Charles Prévost en 1913, accueille, pour une durée de huit ans environ, les Carmélites rentrées de leur exil en Belgique. C’est alors que Jean Secondy, leur aumônier, écrit l’histoire de l’abbaye. Mais elles aussi, abandonnent ce lieu pour s’installer à Montpellier.
Vers 1930, arrive une troisième communauté, les sœurs Franciscaines de Lenne, qui y implantent un orphelinat. L’établissement, sécularisé, a gardé sa vocation, aujourd’hui encore.
D’après Louis Secondy.